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Le blog de Samepate

Partage de quelques récits liés au parapente.

Pyr Cross 2020

Tentative de traversée des Pyrénées en Vol-Bivouac

par Samy et Jean

du lundi 27 Juillet au Jeudi 6 Août 2020

Introduction

Ceci est le récit d'une aventure de 2 potes qui ont tenté de traverser les Pyrénées en vol-bivouac, de l'océan atlantique à la mer Méditerranée en autonomie, c'est à dire en portant son matériel parapente bien sûr, mais aussi sa tente, sa nourriture et en se ravitaillant le long de la route en eau et nourriture. Nous n'avions pas de parcours précis avec Jean avant le départ mais nous voulions rester du côté français, pour plusieurs raison. D'abord, car nous pensons (sans être sûr) que ça n'a jamais été fait. En effet, la traversée a été  plusieurs fois réussie mais en passant du côté espagnol, où ça vole mieux sur les faces sud (mais dans une aérologie plus forte), voir par exemple la vidéo de l'excellent Gaël qui l'a faite en solo en 16 jours en Septembre 2016 (voir sa vidéo et son blog internet avec plein d'infos et une vidéo long format) ou du couple de Céline et Sébastien qui l'a faite en 19 jours en Juillet 2017 (et en biplace!) (Vidéo). Ensuite, nous avions envie de relier chaque site français que nous connaissons, une façon de "remettre en ordre" chaque vallée où nous volons souvent en local.

Nous n'avions pas de pression particulière pour terminer, on part en se donnant 2 semaines et en se disant qu'on verra bien jusqu'où on ira, et à vrai dire on est pas sûr d'aller très loin vue notre manque de préparation physique ainsi que notre non planification du parcours. En effet, on est plutôt habitué à faire des sorties sur 2 jours les week ends, ma plus grosse longue expérience en marche et vol et la compétition du Cantal Air Tour que j'ai faite en 2015 sur 3 jours et dont j'ai aussi fait un récit ici. On est pas mal au niveau de la préparation du matériel, voir cette vidéo de présentation de mon matos et ce lien vers le tableur avec les poids, un sac qui tourne quand même pour moi autour de 19 kg avec 2,5 kg de nourriture et 3 litres d'eau). Par contre j'avais commandé une aile light (Airdesign Volt2 SL) à un particulier au Canada 3 mois avant le départ mais elle tarde à arriver (le covid n'aidant pas et le vendeur ayant eu la bonne idée de l'envoyer par bateau car c'est moins cher...), je ne suis pas sûr de l'avoir pour le départ, ça ferait 650g de plus avec ma Iota.

Nous avons beaucoup de difficultés avec Jean pour fixer une date de départ, en particulier à cause du concours d'ingé de Météo France que j'ai préparé cette année et qui a été repoussé tardivement lui aussi à cause du covid (début Juillet pour l'écrit et le 20 Juillet pour l'oral). Nous fixons la date du départ au Lundi 27 Juillet et nous achetons les billets de train pour Hendaye (quelques jours avant le départ, j'apprends que je suis reçu au concours Météo France: cool, ça c'est fait!).

Comme indiqué au tout début, la trace gps de tout notre parcours est visible ici en 2D (attendre quelques secondes que ça charge) ou pour ceux qui ont GoogleEarth, ici en 3D (en bleu on peut voir la trace au sol faite en marchant, en couleurs, les traces en vol et j'ai indique tous nos bivouacs ainsi que les décos et atterros de chaque vol). J'ai inséré aussi quelques photos et rush vidéos pour permettre au lecteur de mettre quelques images sur le récit (attention, les rushs vidéos sont parfois longs car je ne les ai pas recoupés par manque de temps...).

C'est parti!

JOUR 1 (Lundi 27 Juillet): de Saint Jean de Luz à Sare

Via La Rhune...

Distance marchée: 15 km  (D+: 900m)

Distance volée: 4 km

(les distances marchées prennent en compte tout le chemin parcouru à pieds, les distances volées sont quand à elles comptées en ligne droite du déco à l'atterro).


Il est temps d'aller à la gare, je n'ai toujours pas reçu ma nouvelle aile light, tant pis, je volerai avec ma Iota. Dans le train on regarde un peu la carte et je contacte par Facebook Antoine B. (oui oui celui de Saint Hilaire qui a fait par exemple cette vidéo) pour lui demander par où il est passé (il a fait une tentative de traversée 2 semaines avant nous et il a abandonné au 11ème jour, ce qui ne nous rassure pas quand on connaît un peu le personnage et ses exploits). Antoine est sympa, il répond de suite mais il a aussi visiblement beaucoup d'humour, voila ce qu'il m'envoie quand je lui demande sa trace:

(ça nous fait marrer mais ça nous aidera peu)

On s'aperçoit dans le train au niveau de Saint Jean de Luz que la distance de l'océan à la Rhune (premier sommet duquel on compte décoller) semble plus courte en commençant de la plage de Saint Jean de Luz qu'en partant d'Hendaye comme nous avions prévu. On s'en aperçoit vraiment au niveau de la gare de Saint Jean de Luz, on se regarde avec Jean: on descend ou pas? Les portes vont se refermer, il faut choisir vite et on décide de descendre en passant les portes de justesse comme dans la générique de Mac Gyver (bon, Jean connaît pas Mac Gyver, on n'est pas de la même génération, voila le passage pour combler ce manque de culture télévisuelle...). Ça commence fort, de l'adrénaline dès la sortie du train, et on sent bien déjà qu'on aurait pu préparer un peu mieux.

D'autant plus qu'à la sortie du train, je veux déplier mes bâtons, et tiens donc, voilà un ergot qui est bloqué. 15 minutes plus tard grâce au Douk-Douk de Jean c'est réparé. Nous allons sur la plage pour la séance photo, les plagistes nous regardent d'une drôle de façon sans trop comprendre qu'est-ce qu'on fait avec nos gros sacs au bord de l'eau.
 

On y va ou on reste 15 jours à la plage?

 

15h00: top départ!

 

On démarre à 15h00 direction la Rhune, il fait beau mais il y a des nuages accrochés au sommet et nous ne savons pas si nous pourrons décoller. Au fur et à à mesure qu'on s'approche, il semble qu'il y a de grosses trouées et nous sommes (trop) confiants. Après 15km et 900m de dénivelé, on arrive au sommet où on déplie tranquillement pour décoller en sud.

Le sommet de la Rhune
Le nuage pas loin...

Petite brise de face, des vautours qui enroulent, tous les signaux sont au vert. Sauf que de l'ouest arrive rapidement un gros nuage qui déborde et nous met dans le nuage (c'est ce qu'on appelle une belle entrée maritime!). Puis le vent tourne et c'est de cul... "Jean, j'ai l'impression que c'est épais, allons vite vers l'est pour tenter de décoller en nord tant qu'il est temps". On prend la voile en boule et on file dans le brouillard vers la lumière. Mais au fur et à mesure qu'on avance le nuage nous suit, comme dans un mauvais film. Bon en même temps c'était prévu mais ça aurait pû attendre 5 minutes on allait décoller! On attend un peu mais ça ne fait que s'épaissir. On essaye de descendre toujours la voile en boule, mais le nuage descend maintenant très bas. Bon on plie à l'arrache et on se dit qu'on essaiera de décoller un peu plus bas. C'est ce qu'on fait d'une petite bute bien plus bas, c'est travers, le vent d'ouest rentre maintenant franchement, on décolle et on passe de justesse un col qui nous permet d'aller vent de cul vers l'est. "Ah ouai, ça va vite...". Je m'attends à de grosses turbulences sous le vent après le passage du col mais finalement pas tant que ça. Je choisis un champ pour poser après Sare et pose sur place (en accélérant un peu même) dans un bon 30 km/h. Bon ben ça s'est fait. On plie, il est tard et on demande à la maison d'à côté si on peut dormir avec les tentes dans le champ à côté de chez lui. Le monsieur d'une extrême gentillesse nous invite à dormir dans son jardin et à prendre une douche chez lui dans sa belle grande maison basque. Ça fait bien plaisir cette première rencontre!

Atterro Sare
Bivouac1

 

JOUR 2 (Mardi 28 Juillet): Sare à Bidarray par le GR10

Humidité basque...

Distance marchée: 37 km  (D+: 940m)

Distance volée: 0 km

Journée très humide, on va en profiter pour faire une étape du GR10, avec 19kg sur le dos c'est plus rigolo. On passe par Ainhoa, très beau village basque où on en profite pour bien manger (Taloa à la ventrèche, un régal!) et boire même une bonne bière. On sort parfois le poncho, il va s'avérer par la suite que cet équipement va nous être très utile...

Taloa et bière locale
Le poncho de face
Le poncho de profil

 

Ainhoa
Humidité sur le GR10!

On arrive assez tard à Bidarray (les 900m de descente sont assez coton avec en plus les rochers glissants à cause de la pluie....). Nous ferons notre bivouac sur la pelouse d'un gîte, ce qui nous permet de prendre une douche et d'essayer de sécher nos affaires au sèche linge.

JOUR 3 (Mercredi 29 Juillet): Bidarray à Saint Jean Pied de Port

Ahhh... les crêtes d'Iparla...

Distance marchée: 17 km  (D+: 1100m)

Distance volée: 6 km

J'apprends par Sandra que ma voile light est arrivée chez moi, 2 jours après que je sois parti alors que je l'attends depuis 3 mois...

La voile light dans mon salon...

Petit coup au moral mais c'est pas grave, la journée est peut être volable... Nous continuons notre périple sur le GR10 en grimpant sur les superbes crêtes d'Iparla qui sont à la frontière de l'Espagne et de la France. C'est une belle rando, agréable. Au 3/4 du sommet, on rentre dans le nuage et nous espérons que ça va se lever pour nous permettre de décoller. Nous patientons en regardant les bouquetins et Jean délire en se prenant pour Raymond Devos:

- Bonjour, on cherche les crêtes d'Iparla
# Il paraît que c'est par ici..
- Non pas Iparici, mais Iparla
# Bah c'est ce que je vous dis c'est par là
- Mais par où ?
# Par ici !
- Donc résumons, je vais par là et je tombe sur Iparla ?
# oui mais n'allez pas par là par contre
- Pourquoi ?
# c'est abrupt et vous risquez de tomber par ici
- Bon laissez tomber...
Bouquetins dans la brume

Sur les conseil d'un copain parapentiste local et trailer (Benjamin G., merci à lui!) nous avançons sur les crêtes pour être face à la vallée de Saint Jean Pied de Port. Le plafond monte et nous pouvons décoller. 

Jean met du temps à réussir à monter. Je décide de prospecter seul en m'avançant vers l'est. Bon, face au vent c'est pas facile de transiter, Jean remonte en fin et transite, il trouve quelque chose en chemin qui le remonte de 200m mais moi je trouve rien et fait une longue glissade en direction de Saint Jean Pied de Port. Jean vient poser près de moi et nous finissons à pieds, en nous délectant de pommes dépassant des clôtures sur le bord de route. Pause pour se laver dans un ruisseau à l'entrée de Saint Jean Pied de Port, et je découvre que mon panneau solaire ne marche plus (en le désossant, nous trouvons un fil dessoudé, tentative de ressouder ce fil avec réchaud et aiguille, puis réchaud et Douk-Douk mais ça ne marche pas... Avec la voile light reçue aujourd'hui, c'est un deuxième coup au moral, sans panneau solaire, je ne peux recharger mon téléphone qui me sert pour internet, les prévis, la carto, avoir des nouvelles de la famille et qui me sert aussi d'instrument de vol. Heureusement, en demandant si on peut dormir en bordure d'un chemin communal, une dame nous propose encore spontanément de poser la tente chez elle, pelouse super douillette, odeur de menthe fraiche, on accepte et le moral va mieux!

Bivouac3 à Saint Jean Pied de Port

 

JOUR 4 (Jeudi 30 Juillet): de Saint Jean Pied de port au pic de Béhorléguy

Canicule...

Distance marchée: 19 km  (D+: 800m)

Distance volée: 0 km

Alors aujourd'hui c'est canicule prévue et vent de sud fort dans tout le pays basque (et toute la France). Ça ne volera pas et la marche va être dure. On déjeune dans un bar de Saint Jean Pied de Port et on se dit qu'il faut marcher tôt, mais nos plans capotent car on s'arrête dans un garage de tracteurs pour ressouder mon panneau solaire. C'est cool, ça remarche bien!

Ptit dej' et atelier soudure ou plutôt brasure par l'expert en métauxPtit dej' et atelier soudure ou plutôt brasure par l'expert en métaux

Ptit dej' et atelier soudure ou plutôt brasure par l'expert en métaux

On démarre donc la marche assez tard, il fait déjà chaud et à partir de midi ça devient carrément intenable avec 35°C à l'ombre. On trouve une rivière (glacée: un régal), et on décide de faire une grosse pause et de sécher toutes nos affaires et matos qui est trempe à cause de l'humidité nocturne: ça sèche vite! On se trempe plusieurs fois dans la rivière, on répare les pieds avec du compeed mais vers 16h00, on se dit qu'il faut quand même continuer d'avancer.

Pieds de porc de Jean...

Malheureusement, il faut qu'on monte pour passer un col, nous n'avons pas le choix. On monte donc péniblement 500m de D+ en plein cagnard, on a repéré une forêt mais ça nous paraît interminable, on est à l'agonie, les réserves d'eau baissent à vue d’œil et on voit les nuages gonfler en cunimb tout aussi vite, mais ils ne nous mettent malheureusement pas encore à l’abri du soleil. On arrive près d'une ruine de bergerie avec un gros arbre qui fait de l'ombre, quel bonheur de s'allonger dans l'herbe. On laisse encore passer une heure ou deux et on décide d'aller chercher 300m de dénivelé plus haut un bivouac près d'une bergerie près du pic de Béhorléguy où ça nous semble plat. On se dépêche, les nuages gonflent et le tonnerre gronde, nous avons juste le temps de monter la tente avant les premières rafales et les premières gouttes.

Montée au Bivouac 4
Montée au Bivouac 4
Montée au Bivouac 4

Montée au Bivouac 4

Jean trouve un robinet derrière la cabane de berger (toujours penser à regarder derrière les cabanes!), on peut se laver et refaire le plein d'eau, et l'orage se calme pour nous laisser manger en plein air. On est effarés par le spectacle des dizaines de vautours qui volent face au sud fort et si proche des orages, et nous sommes bien contents pour une fois de ne pas voler en leur compagnie, rien que l'idée me terrorise! Le répit est de courte durée, les orages et le vent fort reprennent vite, nous nous couchons tôt mais nous passerons une mauvaise nuit, avec des rafales à plus de 100km/h, nous sommes parfois obligés de tenir nos tentes light de peur qu'elles s'envolent avec le vent qui s'engouffre parfois dessous. Elles tiennent finalement le coup.

JOUR 5 (Vendredi 31 Juillet): du pic de Béhorléguy à Laguinge

Fougère vs doigt...

Distance marchée: 12 km  (D+: 300m)

Distance volée: 8 km

Au matin, le berger arrive et nous propose de nous ouvrir la cabane pour déjeuner à l'intérieur, décidément nous trouvons les gens du pays basque d'une extrême gentillesse, quel accueil! La cabane de berger est splendide, le grand luxe dans un cadre magnifique. On déjeune en observant le couple berger/chien qui ramène les brebis, les trait et soigne celles qui boitent. Un beau spectacle.

On trouve qu'il y a encore un peu trop de sud à notre goût et on décide de continuer à avancer à pieds pour décoller plus loin. On galère pas mal à trouver un déco pour essayer de sauter la vallée de Mauléon mais le déco qu'on finit par trouver est presque parfait, un peu bas (800m) mais la brise est de face et on voit des vautours qui enroulent. Bon, dès qu'on décolle on s'aperçoit que ça va pas être facile, thermiques serrés et hachés, à force d'insister, je trouve un bon thermique qui me monte à 1500m et je suis bien placé pour démarrer un cross mais Jean ne sort malheureusement pas et vache en vallée.

Je décide de poser de l'autre côté de la vallée assez bas vers 550m, mais c'est un bon endroit pour redémarrer car il y a un thermique devant (j'ai même du mal à reposer). Il me semble que je pourrai attendre Jean et qu'on pourra repartir en cross depuis là. Pendant que Jean me rejoint à pied, je prospecte pour redécoller mais malheureusement dans tous les endroits où la brise est de face, il y a beaucoup de fougères (genre, des fougères qui font 1m50 ou 2m...). Sauf un tout petit carré où on peut étaler la voile et décoller entre 2 arbres (si on vise bien). Une fois que Jean m'a rejoint, j'arrive à redécoller (après un essai avorté où Jean m'aide à remettre la voile). Jean plus fatigué par la marche pour remonter et ne bénéficiant pas d'aide pour remettre sa voile quand ça rate, galère pendant un bon moment. Je suis en attente, incapable de pouvoir l'aider.

Je lui indique un autre endroit un peu plus loin où ça pourrait aussi décoller, et en s'y rendant (à travers les fougères d'1m50...), Jean trébuche et en se rattrapant à une fougère, il s'ouvre les doigts jusqu'à l'os. Il m'annonce ça en radio et je repose en catastrophe dans les fougères (d'1m50 hein!) pour lui amener des pansements (nous n'avons pas de strips...). Nous pensons même à un moment à l'abandon car ça pisse vraiment le sang mais finalement ça  a l'air pas mal avec les pansements et on décide de continuer.

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Doigts vs fougères...

Je vais chercher ma voile dans les 1m50 de fougères, et nous passons une heure à démêler nos deux voiles qui ont fait des trucs improbables au niveau des élévateurs (la fatigue n'aidant pas, on galère particulièrement). On décolle tard alors que la brise est en train de s'éteindre et on fait un glide dans un air calme et porteur comme on a les belles fins d'aprem, en survolant les villages où les jeunes jouent à la pelote basque. On ira dormir près d'une rivière à deux pas de là où on pose, ce qui nous permet de pêcher un peu et de se laver pour faire redescendre la pression.

JOUR 6 (Samedi 1er Juillet): de Laguinge à Arette

Trop de pluie: un hotel!

Distance marchée: 15 km  (D+: 100m)

Distance volée: 0 km

Il pleut une bonne partie de la nuit et il pleut le matin par intermittence, nous trouvons un créneau sans pluie pour plier la tente mouillée dans le sac mouillé, une sensation à laquelle je n'arrive pas à m'habituer. En plus, nous décidons de traverser la rivière à gué pour éviter de faire un gros détour et ça représente déjà une grosse galère pour ressortir de l'autre côté en grimpant pieds nus un gros talus plein de ronces et d'orties. On aurait du faire le détour pour aller chercher le pont...

Journée qui commence mal

La pluie est prévue pour toute la journée: on n'hésite pas longtemps pour chercher un hôtel à une quinzaine de kilomètres, on a pas envie de marcher toute une journée sous la pluie et on a encore moins envie de déplier une tente mouillée sur un sol mouillé. On mange même le midi dans un resto, puis on s'arrête (2r, 1t) donc à l’hôtel d'Arette (1r, 2t).

dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)
dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)
dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)
dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)
dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)
dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)

dans la tente, sous la pluie, au resto, à l'hôtel (2 lits simples hein!)

JOUR 7 (Dimanche 2 Août): de Arette à Bielle

On zappe Accous...

Distance marchée: 28 km  (D+: 900m)

Distance volée: 3 km

On se lève avec la pluie, on a bien fait de prendre un hôtel! On refait la météo et il semble que ça ne va pas voler non plus aujourd'hui et que ça va rester bâché... Ce qui veut dire qu'on va encore marcher :)

On en profite donc pour trainer à l'hotel et sécher nos affaires grâce à un sèche cheveux car elles n'ont pas séché dans la salle de bain pendant toute la nuit (pas de VMC, pour un hôtel ça la fout mal...). Ça prend du temps mais quel bonheur de repartir avec des affaires sèches dans le sac! On arrive dans la vallée d'Accous et ça aussi ça fait plaisir car c'est des coins qu'on a déja volé, en compet' ou en vacances.

On téléphone à notre pote Anthony L. qui est moniteur à Accous pour savoir si il y a une chance pour voler à Accous l'aprem mais ils bâchent la journée, ça veut pas se lever... Bon ben on va se faire un autre col à pieds alors, lequel choisir? Allez tiens le col de Marie Blanque, 900m de D+. On ramasse au passage des pommes qui dépassent d'un verger et qui doivent faire 500g chacune (mince, on a pas pris de photos). Anthony qui revient d'Accous s'arrête gentiment pour nous encourager et nous proposer discrètement de nous monter au col. Nous ne cédons pas mais acceptons avec plaisir une grosse boite de thon (bien lourde mais c'est fait maison on peut pas refuser) et des gâteaux. Anthony nous accompagnera même une partie de la montée à pieds pour papoter avec nous, c'est sympa. Le col de Marie Blanque est magnifique avec des chevaux et des vaches qui se prélassent sur le plateau.

Jeu des 7 différencesJeu des 7 différences

Jeu des 7 différences

De l'eau au col (et un Jean fatigué)

De l'eau au col (et un Jean fatigué)

Plaisir d'arriver dans la vallée d'Ossau (je sais c'est écrit dessus)

Plaisir d'arriver dans la vallée d'Ossau (je sais c'est écrit dessus)

Il est tard (plus de 19h) mais il ne pleut pas et on décide de redescendre en volant. On galère bien pour trouver un endroit où ça peut décoller (il parait qu'il y a un déco officiel quelque part...). On trouve un endroit où ça décolle de justesse en rasant les fougères puis les arbres. Petit glide de 4km seulement mais qui évite pas mal de bornes à pied et du dénivelé négatif pour redescendre dans la vallée.

chaud les fougères...

On pose la tente dans le champ juste à côté de là où on atterrit. (puis, j'oublie de le dire à chaque fois, on se goinfre de vermicelles et autres plats de semoules agrémentés de saucisson et pour changer de.... thon! pour ceux qui ont suivi, merci Anthony ;) )

JOUR 8 (Lundi 3 Août): de Bielle au Col du Soulor

Un ravitaillement de luxe...

Distance marchée: 20 km  (D+: 1400m)

Distance volée: 6 km

Ça fait une semaine qu'on est parti, et quand on a fini de plier et qu'on se remet à marcher, on a le droit à un ravitaillement de luxe par notre pote Olivier à qui on a donné rdv (des compeed, de la bouffe et des chocolatines, des affaires de rechange, et... ma voile light Volt2!). Jean se fait acheter des semelles à Decathlon car il souffre des pieds. On laisse nos canes à pêche à Olivie (car je ne l'avais pas dit mais on se trimballe depuis le début des canes à pêche mais on a pêché 30 min en une semaine, ce qui ne justifie pas de les porter une semaine de plus). Mon sac perd donc en tout environ 1kg et je revis un peu.

Un dessin de ma fifille qui fait chaud au coeur

Bien regonflés par ce ravito, on se dirige d'un pas décidé vers le déco de Laruns (qu'on ne connaît pas), il fait à peu près beau, par contre on téléphone à quelques connaissances du coin qui nous disent que ça ne vole pas à Laruns en été car la brise est trop forte l'après midi. Et en effet ça souffle déjà pas mal en bas... Bon ben on va marcher pour changer... Quel col aujourd'hui? Ce sera le col d'Aubisque, 1200m de dénivelé, fuck! Bon la balade est belle heureusement et on a l'espoir de décoller de la haut pour sauter la vallée de Ferrière...

Et (enfin!) on a un peu de chance, la brise est de face au col, je peux faire du gonflage pour essayer ma nouvelle voile et on décolle pour sauter la vallée de Ferrière et atterrir juste sous le col du Soulor, à peine 200m à remonter et on est au col du Soulor, à un jet de pierre de Aucun qu'on connaît un peu.

gonflage volt2
gonflage volt2

gonflage volt2

Bivouac8: On pose la tente non loin du col et on se délecte de girolles ramassées dans la montée.

Bivouac8: On pose la tente non loin du col et on se délecte de girolles ramassées dans la montée.

JOUR 9 (Mardi 4 Août): du col du Soulor à Soulom

La brise d'Aucun nous les brise...

Distance marchée: 23 km  (D+: 350m)

Distance volée: 4 km

Ce matin c'est ptit dej' avec les myrtilles, le coin en est gavé!

Miam

Il fait beau mais les nuages sont très très bas, ça va voler mais on est pas sûr que ça vole bien et qu'on puisse sortir de la vallée d'Aucun en vol si les plafonds restent si bas. On suit la crête pour décoller (sur les conseil de Laurent B.) au pic de Berbeillet mais même à 12h30 les nuages sont encore sous le déco (et le vent très très travers)...

On arrive en vol au niveau du déco du col de Couraduque mais le plaf nous parait vraiment trop bas pour espérer sortir de cette vallée où la brise est très forte, d'autant plus forte que le plafond est bas. On s'avance quand même vers l'entrée de vallée mais Jean ne le sent pas alors on retourne poser à l'atterro officiel dans une brise soutenue. Le temps de plier et de commencer à se mettre en marche et nous voyons le plafond monter à vue d'oeil. Vers 14h30, plusieurs ailes de compet' se dirigent vers Hautacam en vol: nous aurions dû être plus patients et y croire, ou du moins reposer au déco pour se mettre en attente. Belle leçon que l'on va avoir le temps de ruminer en marchant! D'autant plus qu'il fait bien chaud.

Nous avons plusieurs options: Aller vers Hautacam pour rejoindre le pic du midi en vol le lendemain mais c'est pas si évident et nous n'avons jamais fait ce parcours. Ou bien se punir de notre mauvais vol du jour en allant au pic du midi à pieds. C'est cette deuxième option que nous choisissons car nous avons vraiment peur de monter à Hautacam et de ne pas réussir à sortir de cette vallée. Nous sommes plus confiant pour démarrer un cross du pic du midi car nous l'avons fait plusieurs fois, mais ça demande un jour de marche. Nous nous arrêtons pour se laver et faire la lessive dans le gave d'Azun et nous arrivons en toute fin d'aprem vers Soulom où nous bivouaquerons à l'entrée des gorges menant à Luz Saint Sauveur. Jean me fait la surprise de sortir 2 despés et un melon achetés en cachette à une superette de Soulom et du magret séché acheté à Aucun et moi je sors une baguette, quel plaisir ce sucre, ce pain, cette viande et cet alcool: un vrai festin pour terminer cette journée!

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Bivouac9 de luxe (pain, despé, magrets séches, melon)

 

JOUR 10 (Mercredi 5 Août): de Soulom au col du Tourmalet

Abandon de Jean sur blessure (périostite tibiale)

Distance marchée: 26 km  (D+: 1600m)

Distance volée: 0 km

Malheureusement, Jean se lève avec une grosse douleur au tibia et l'impossibilité de marcher. Il téléphone à sa kiné qui pense à une périostite tibiale, pas grand chose à faire à part du repos. Nous décidons de nous retrouver à Luz Saint Sauveur, moi j'y vais à pieds et Jean en stop pour avoir l'avis d'un pharmacien.

Je retrouve Jean à Luz et le pharmacien est du même avis, il faut arrêter et se reposer, au risque de gâcher le reste des vacances qu'il a prévu en Bretagne. Nous sommes très déçus d'autant plus que nous arrivons sur un secteur que l'on connaît mieux et que la météo est bonne pour les 3 jours à venir. Après réflexion et accord de Jean, je décide de continuer seul car j'aimerais au moins faire un beau vol avant d'arrêter. Je laisse Jean au bus et continue seul ma longue marche vers le col du Tourmalet, 1600m de D+ à faire dans la canicule... je décide de ne pas me presser car j'ai remarqué que je vole mal quand j'ai beaucoup marché, et mon plan est de décoller le lendemain en haut du pic du midi pour un beau cross...

 

Bye bye Jean :(

 

Début et fin du col du Tourmalet, ça c'est fait.
Début et fin du col du Tourmalet, ça c'est fait.

Début et fin du col du Tourmalet, ça c'est fait.

petit plaisir au col

petit plaisir au col

J'appelle un pote Marc qui habite à Campan et il décide de me rejoindre au col pour qu'on mange ensemble et qu'on dorme dans son camion, ça me fait bien plaisir de le revoir et on passe une soirée à se raconter nos vies et débattre de tout et de rien comme on adore faire à chaque rare fois qu'on se voit. Je lui annonce mon plan de rejoindre Luchon en vol demain et ça lui paraît extraordinaire (ce n'est pourtant qu'à 40km), ça me motive encore plus pour réussir le lendemain.

JOUR 11 (Jeudi 6 Août): du col du Tourmalet à Luchon

Enfin un beau vol!

Distance marchée: 9 km  (D+: 1200m)

Distance volée: 40 km

Je monte tôt au pic du midi (700m de D+) et me prends un peu la tête pour savoir où je vais décoller.

Les fameux lamas du pic du midi (!)
Les fameux lamas du pic du midi (!)

Les fameux lamas du pic du midi (!)

Le vent est léger mais bien Est, j'ai déjà décollé en Nord en 2011 sur la toute petite plateforme (chaud! voir cette vidéo) et en Sud-Est 200m sous le sommet (voir cette autre vidéo) mais il n'y a pas de déco en Est. Je décide de prendre mon temps pour nettoyer le pierrier sous l'arrivée des télécabines et d'enlever pas mal de chardons pour avoir la place d'étaler mon aile. C'est un déco aussi engagé, dans les pierres, il est lui aussi orienté Sud-Est donc le vent est travers mais étant plus haut, j'espère réussir plus facilement à passer au dessus des cables des télécabines pour rejoindre la face Est où je vois les vautours tournoyer assez haut.

Une transition plus loin, je vois tous les vautours qui galèrent et je n'arrive plus à ressortir au dessus de 2000m... c'est pas possible, tout ça pour ça! je décide de reposer dans une col à 1800m au dessus de Payolle et de rage, je replie mon aile et me dépêche de remonter 500m de D+ pour redécoller rapidement un peu plus haut. Et ça sera la bonne, j'arrive à sauter de crête en crête jusqu'à l'Arbizon où je ressors à plus de 3100m!

Ca suffit amplement pour sauter la vallée de Saint Lary et rejoindre Val Louron, puis je saute la Vallée de Val Louron et me laisse glisser jusqu'à l'entrée de Luchon (Saint Aventin).

Je pose vers 17h. Je suis en Haute Garonne 10 jours et 2 heures après être parti de la plage de Saint Jean de Luz. Content de ce vol même si la distance est modeste par rapport aux conditions (40km), content de ne pas être blessé, je décide d'arrêter là car c'est bien moins marrant de marcher et voler tout seul. C'est aussi bien plus engagé d'être seul et avec la fatigue je n'ai pas envie de prendre de risques (j'apprendrai le lendemain qu'un parapentiste a disparu le même jour que mon cross dans le secteur de Val Louron et que les secours ont mis plusieurs jours à retrouver son corps sans vie près de la vallée d'Oô...). J'ai envie de revoir ma famille et de partir en vacances. J'appelle Sandra qui viendra me retrouver avec Maeva et notre Van aménagé. Quel confort et quel plaisir de prendre une douche (même froide) et de dormir en famille dans notre Van!

Petit souvenir de cette aventure sur ma joue laissé par une ronce qui trainait un peu haut...

Petit souvenir de cette aventure sur ma joue laissé par une ronce qui trainait un peu haut...

Conclusion

Avec ce récit, j'ai voulu essayé de décrire au plus près ce que nous avons vécu et ce que j'ai ressenti. Sur le plan physique, c'est clairement l'épreuve la plus dure que j'ai faite de ma vie mais ça paraîtra sûrement pas grand chose pour des grands sportifs ou trailers. Mais à notre échelle, cette aventure a permis à Jean et à moi de tester nos limites physiques et morales. Ce que je retiendrai, c'est la difficulté de bien voler après de gros et longs efforts, en particulier les longues marches sur du goudron qui auront réussi à ``faire la peau'' à Jean. Quant à moi, j'ai perdu 4 kg sur ces 10 jours et je n'étais sûrement pas très loin de pépins physiques, chaque jour ressentant de petites douleurs tantôt aux genoux, tantôt aux mollets, je ne suis pas sûr que mon corps aurait supporté 10 jours de plus. 

En 10 jours et 2 heures, nous avons randonné sur 220 km à pieds (10 000m de dénivelé positif soit une moyenne de 22 km et 1000m de D+ par jour), et 70 km seulement en vol (chaque vol compté en ligne droite). Le titre que nous avons choisi pour notre aventure "Pyr Cross 2020" (jeu de mot entre "Pyrénées cross" et "Pire cross") y est peut être pour quelque chose. Bien sûr nous aurions aimé voler plus, la météo ne nous a pas aidé au début, et lorsque les bonnes journées sont arrivées, Jean s'est blessé... Mais même avec une bonne météo, il faut avouer que ce n'est pas évident de sauter les vallées pyrénéennes côté français et enquiller les kilomètres.

Ce n'est pas grave, l'aventure commence à partir du moment où l'on se promène en montagne sans savoir si on va pouvoir voler ou non et sans savoir où l'on dormira le soir. Et quel sentiment de liberté de porter tout son matériel qui permet de voler et de s'arrêter dormir presque n'importe où!

A vol d'oiseau, nous avons tout de même parcouru 200km sur un total de 400km que font les Pyrénées d'Ouest en Est, c'est donc une moitié de traversée... l'autre moitié pour l'été prochain qui sait?

 

Perdu 4kg en 10 jours, et gagné des ampoules...
Perdu 4kg en 10 jours, et gagné des ampoules...

Perdu 4kg en 10 jours, et gagné des ampoules...

Remerciements

Merci à tous ceux qui nous ont suivi et encouragé, ça aide vraiment quand on se sent porté par les copains à distance.

En particulier merci à Benjamin G. pour nous avoir un peu guidé dans le pays basque, Pascal C. pour les points météo réguliers, Olivier G. pour le ravito de luxe et le prêt de secours light, Laurent B. et Kevin B. pour leur aide, Pascal B. pour le prêt de la balise Capturs, Marc pour la nuit dans son camion, et Sandra et Maeva qui m'ont permis de m'échapper pendant 10 jours!

 

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K
Bravo et merci pour le récit :-D Ca donne des idées !!! Dommage pour la Volt ...<br /> Sympa le poncho :) Il est d'où ?
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S
Salut, le poncho vient d'aliexpress, comme pas mal de matos light et pas cher...
K
Dommage de na pas l'avoir eu dès le début je veux dire :)